Un récit – témoignage de Marie-Annick Horel
La Grande Librairie lui a ouvert ses portes, ainsi qu’à trois autres écrivain.e.s et nous avons pu grâce à eux nous plonger dans l’univers carcéral à travers leurs expériences différentes et particulièrement enrichissantes.
Marie-Annick Horel a découvert à l’âge de 21 ans ce milieu en faisant le choix délibéré de devenir surveillante de prison.
Elle a passé l’intégralité de sa carrière dans le seul centre pénitentiaire de France exclusivement réservé aux femmes, à savoir celui de Rennes.
Elle nous raconte la confrontation avec la violence mais aussi son immense fierté d’exercer un métier qu’elle considère encore comme une « zone d’ombre de la république ».
Souvent seules :
Marie-Annick Horel sait nous faire partager l’extrême solitude de ces femmes détenues qui contrairement aux hommes ne reçoivent que peu de visites. Leur fragilité sociale et psychologique est frappante et l’on note que si les femmes détenues ne représentent que 3.5 % de la population carcérale totale, la plupart présentent un point commun, celui de ne posséder qu’un niveau d’instruction faible : 20% sont illettrées, 50 % possèdent un niveau de primaire et 30 % ont suivi un cursus scolaire dans le secondaire.
Beaucoup bien entendu ont déjà subi des violences dans leur enfance et/ou dans leur vie conjugale.
Il ne s’agit pas de justifications mais d’une nécessité de réfléchir et comme le souligne l’autrice, de prendre en compte que les femmes ne se pardonnent à elles-mêmes que rarement !
L’autrice y décrit les différents profils psychologiques de ces femmes, et les soucis inhérents à l’incarcération comme la drogue qui circule, le suicide, l’indigence, l’homosexualité, les accouchements et également la violence. Elle témoigne de la nécessité pour les surveillantes d’être en capacité de gérer les conflits, de rassurer mais aussi de faire preuve de la plus grande fermeté lorsque cela s’avère indispensable.
Bien entendu ce livre, plutôt ce témoignage, ne comporte aucun angélisme et l’autrice est des plus claires sur son expérience, ses joies et également ses déceptions.
En conclusion, après cet engagement de 37 années comme surveillante, Marie-Annick Horel reconnaît que « la prison comporte ses travers, mais qu’elle devrait être un espace de reconstruction pour l’individu et qu’il est urgent de mettre en place des leviers de réinsertion indispensables pour éviter la récidive. »

Sur le même thème nous vous conseillons également Fragments de Prison de Véronique Sousset, directrice de prison pour femmes. (Éditions Cherche-Midi)