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Le bio est-il vraiment meilleur pour la santé ?

On peut lire un peu partout et on entend dire de manière courante que le bio est meilleur pour la santé. Cela irait de soi. Pour preuve de nombreux médecins incitent à privilégier au maximum la nourriture bio pour prévenir le cancer, afin d’éviter d’ingérer des pesticides et autres insecticides. Mais est-ce aussi simple ?

Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a présenté fin mai, le programme “Ambition bio 2017”. Et pour cause : la consommation de produits bio en France a doublé au cours des cinq dernières années, le secteur économique est porteur – les grandes marques de distribution ont créé leur propre gamme de « bio » – et créateur d’emploi (60 000 selon l’Agence Bio).
Mais côté santé, qu’apporte le « bio » en plus de l’agriculture conventionnelle ? L’agriculture biologique est-elle un moindre mal pour la santé des consommateurs ou présente -t’elle des qualités sanitaires réellement bénéfiques pour les consommateurs ?
Aucune étude ne le prouve…En réalité ce ne serait pas le produit bio en lui-même qui joue mais des facteurs comme une alimentation plus variée et plus riche en fruits et légumes…les gens qui consomment en effet beaucoup de fruits et légumes se portent mieux que les autres. Or, ce faisant, ils mangent pas mal de pesticides..
D’après le docteur Corpet certains produits bio peuvent même être toxiques : « Les charcuteries, par exemple, que j’étudie dans le cadre de mes travaux sur alimentation et cancer. Je connais des écolos qui, en Aveyron, fabriquent eux-mêmes leur jambon à partir de cochons bio. S’ils ne connaissent pas les bonnes pratiques, ce peut être très dangereux. Ainsi, s’ils refusent, par souci bio, de mettre du nitrite, leur jambon risque de contenir de la toxine botulique, qui est un poison mortel. Car ne l’oublions pas, la nature aussi regorge de poisons ».

Moins de protéines, mais plus de qualité ?
L’une des principales différences entre une exploitation “classique” et une exploitation “biologique”, c’est le type d’engrais utilisé. Ainsi, les fertilisants employés dans le bio sont des produits naturels. Or les engrais chimiques utilisés dans les exploitations traditionnelles sont en général plus efficaces. Les végétaux non bio, nourris avec ces engrais, seront ainsi plus riches en protéines. Mais ces protéines seraient de moins bonne qualité : elles seraient moins riches en acides aminés essentiels. Cette différence de qualité n’a pas été retrouvée par toutes les études. Certaines ont même trouvé un résultat inverse, en faveur de l’agriculture traditionnelle !

Enrichis en vitamines et minéraux ?
Plusieurs études se sont penchées sur la teneur en vitamines ; les facteurs déterminants seraient essentiellement… les conditions climatiques ! Le seul élément pour lequel les produits bio semblent posséder l’avantage, c’est la teneur en vitamine C.
Pour les minéraux, il n’y a pas de différence notable entre les produits « AB » et ceux issus de l’agriculture conventionnelle. Les premiers contiennent cependant moins de nitrates et de métaux lourds du fait d’un moindre apport en engrais et de l’interdiction d’utiliser des boues d’épuration. En élevage, les omégas 3 sont largement plus présents dans les viandes et surtout le lait « bio » (+70% en moyenne). Mais cela n’est pas dû en soi au fait que l’alimentation des animaux soit « bio » mais à l’introduction de certains végétaux comme la luzerne ou le lin. Des résultats similaires peuvent donc être obtenus en agriculture conventionnelle.

« Bio » n’est pas « diététique »
En ce qui concerne les produits transformés issus de l’agriculture biologique, leur composition nutritionnelle ne diffère pas notablement des autres. Dans les deux cas, un gâteau gras et sucré le restera. Qu’il soit bio ou non, il faudra en limiter la consommation car « bio » ne veut pas dire « diététique ».
Des pesticides « naturels » : aussi nocifs ?
Certes, selon la dernière étude américaine, 45% des échantillons de l’alimentation « conventionnelle » serait « contaminée » par des pesticides. Mais si les agriculteurs « bio » utilisent des produits naturels, ces derniers n’en sont pas moins actifs et donc potentiellement dangereux pour la santé.
Ces préoccupations ne sont pas l’apanage des seuls agriculteurs bio. De plus en plus d’agriculteurs conventionnels, aussi bien en France qu’aux États-Unis s’engagent dans une démarche de qualité qui n’a rien à leur envier (réduction des apports d’engrais et de pesticides notamment). Le tout sans vendre leur production notablement plus cher…

La différence : le système agricole
Consommer des produits biologiques est d’abord d’un intérêt collectif. C’est d’ailleurs la motivation des tous premiers consommateurs de « bio ». Par les techniques employées, l’agriculture biologique limite les impacts sur l’environnement et surtout la pollution de l’eau. Il ne faut pas se limiter à la production agricole mais regarder aussi les habitudes alimentaires. Généralement, les personnes adeptes des produits biologiques s’alimentent différemment (plus de fibres, de fruits et légumes), pratiquent une activité régulière. Finalement, n’est-ce pas surtout cela qui procure une meilleure santé ?