Les nantais ont déjà eu la chance de le rencontrer, notamment en 2018 au Festival Aux Heures d’Été, au Jardin des Plantes, dans un cadre enchanteur, où, avec son compagnon de musique, il nous subjugua par ses lectures slammées.

Lorsqu’il se transforme en « mosicien », comme il aime se définir, il emprunte le pseudonyme de Capitaine Alexandre, nom de Résistant de René Char, un de ses « professeurs d’espérance ».
À la question pourquoi écrivez-vous, il répond « Je pense que j’écris pour ne pas me noyer en mots troubles. J’écris pour rester vivant. J’écris pour suivre les traces de l’enfant que j’ai été ».
Auteur de recueils de poésie, de Diên Biên Phu, un premier roman bouleversant sur la décolonisation, l’écrivain vient de publier un roman nouveau , Les Lumières d’Oujda, dans lequel il nous offre un récit poétique et puissant, sur le parcours semé d’embûches des fugees – migrants d’Afrique.
Partir ?! Pourquoi ?
C’est tout l’objet de ce livre et les réponses ne manquent pas … « On ne défie pas les océans et les déserts dans l’espoir de s’arracher un contrat de travail à Paris ou à Barcelone ». Et d’ajouter « Parce qu’on a grandi du côté de la nuit sombre, privé du soleil de la tendresse, et qu’on pense avoir droit nous aussi à la lumière du jour ou tout au moins à son ombre »
Le narrateur après un retour forcé au pays, s’engage à informer et accompagner les jeunes fugees en errance. L’écrivain- poète nous fait voyager au gré des trajectoires de vie qu’il va croiser, à Rome, Douala, Oujda, Tanger, le Soudan, la Guinée, Beyrouth, Paris, la Bretagne.
Une galerie de personnages émouvants :
Tous les héros anonymes de cet ouvrage restent ancrés dans leur engagement ou leur volonté de partir ; ce sera Sita la grand- mèreveilleuse du narrateur …, le Père Antoine et son havre d’hospitalité à Oujda, Leïla et Imane deux sœurs déterminées à sortir de leur condition patriarcale , Ibra le guinéen , Yaguine et Fodé les rappeurs, en hommage à ces jeunes découverts morts en 1999 dans un train d’atterrissage.
Un ouvrage inclassable !
Une part d’autobiographie bien sûr, de la poésie énormément, de la sociologie, de la géopolitique et une envie de lire ce livre à voix haute tant l’écriture et le rythme slammé sont magistraux ! L’humanisme, l’empathie, le besoin de faire sens, de partager sont perceptibles à chaque ligne de ce roman-conte ; sans oublier bien sûr la très haute qualité littéraire du texte. En espoir de cause, MAOB nous offre un bouquet de mots et d’émotions, sans lyrisme ni naïveté, et comme il le proclame humblement « ce texte ne changera pas grand-chose, et même rien au désordre du monde, mais il prend parti. Pour la beauté. La dignité. La justice. Il invite à un autre regard, sans prétention. »

Éditions Calmann Lévy – 19€