Une fois n’est pas coutume, nous mettons en exergue dans cette chronique une écrivaine connue et dont la couverture médiatique est large… Leïla Slimani!
Prix Goncourt en 2016 avec son roman Chanson douce, mais aussi ambassadrice de la francophonie, Leïla Slimani est une écrivaine féconde qui souhaite au travers de ses différents romans faire passer un message de liberté et d’émancipation, en particulier celle des femmes.
Dans ce court récit et contrairement à ses romans précédents, l’autrice se livre avec une surprenante authenticité et sincérité. Elle déchire ce voile intime qui parfois nous laisse imaginer une écrivaine distante.
À la demande de son éditrice, la romancière accepte de passer une nuit au musée d’art contemporain de la Pointe de La Douane à Venise. Cette nuit est l’occasion pour Leïla (qui veut dire “la nuit” en arabe) de s’interroger sur l’enfermement et devient également un prétexte à des confidences sur son enfance, son père, son métier d’écrivain, la solitude et bien sûr l’identité !
Une nuit avec en filigrane des effluves de plantes et de fleurs sources de souvenirs d’enfance.
La solitude de l’écrivain
Rester enfermée, se concentrer, refuser toute sollicitation, vivre en recluse « fuir la comédie humaine et plonger sous l’écume épaisse des choses »!
Comment l’écrivaine peut-elle vivre cette contradiction entre solitude nécessaire et sollicitations médiatiques internationales ?
L’art contemporain
« Le musée reste pour moi une émanation de la culture dominante occidentale dont je n’ai pas les codes… ! »
Leïla Slimani ne se sent pas obligée de maîtriser l’art et encore moins de l’apprécier par nécessité. Cette confession est en mesure d’aider tous ceux qui pourraient se sentir inaptes à la compréhension de l’art en général. Son humilité est touchante et la réflexion passionnante sur la mission de l’artiste et les certitudes des « sachants ».
Identité, qui suis-je ?
Des pages fortes, dépourvues d’idéalisme béat ; une identité qui se forge dans sa famille mais également dans ses nuits transgressives marocaines.
En France Leïla Slimani nous avoue être confrontée en permanence à la question de son origine : « je voulais que l’on m’accepte mais je ne souhaitais pas être des leurs… ».
Pour l’écrivaine, elle se doit de trouver un ailleurs où s’inventer et la mobilité en est un élément incontournable ; il faut sortir de soi, telle est l’injonction à laquelle Leïla Slimani se confronte ; elle englobe naturellement tous ces jeunes marocains en quête d’un ailleurs !
Pour conclure…
Un livre intimiste où la poésie et l’écriture d’une sensibilité à fleur de peau ne laissent pas indifférents et nous touchent.
Ce livre se révèle comme la somme d’une ode au silence, au questionnement personnel ; en cela il peut nous aider à vivre ou envisager un monde personnel et collectif différent.
Le parfum des fleurs la nuit – Leïla Slimani – Éditions Stock