Je ne suis pas avocat…
Je suis avocate…

Un opuscule de 150 pages qui nous retrace la vie de cette passionaria du barreau (décédée en juillet 2020) mais également la lutte sans merci qu’elle aura livrée toute sa vie pour l’émancipation, la reconnaissance et l’égalité Hommes-Femmes.
Annick Cojean à travers 11 questions nous offre un entretien habile et subtil où elle permet à Gisèle Halimi de se livrer totalement. Elle nous fait ainsi comprendre, ce qu’est l’engagement sans faille et également appréhender le sens et la grandeur du mot « insoumise ». Gisèle Halimi déroule un véritable fil d’Ariane qui nous conduit de son enfance jusqu’au crépuscule de sa vie !

Son enfance
Rejetée par sa famille tunisienne car elle est une fille, dès dix ans elle souhaite échapper à un destin tout tracé…celui de se mettre au service des hommes. Très douée scolairement Gisèle Halimi projette de devenir avocate, le -e a son importance !!! En 1949, à Tunis, Gisèle Halimi prête serment comme avocate. Elle doit bien entendu se battre encore plus et maîtriser un haut niveau d’éloquence et de persuasion pour se faire admettre dans ce milieu très …masculin !

Guerres d’indépendance tunisienne et algérienne
« Les guerres d’indépendance m’ont cueillie de plein fouet et je m’y suis engagée ardemment »
Le courage et une force de caractère et de convictions insoupçonnables marquent ses premières plaidoiries pour la défense de jeunes indépendantistes qui ont subi la torture et le viol.

Le manifeste des 343 – Avril 1971
Elle signe en 1971 le « Manifeste des 343 », pour le droit à l’avortement et fonde la même année, avec Simone de Beauvoir, le mouvement « Choisir la cause des femmes ». Une grande avancée qui permettra à Simone Veil de faire voter la loi sur l’avortement.
Pour l’anecdote, Charlie Hebdo déjà adepte de la provocation titrera : « Qui a engrossé les 343 salopes du Manifeste sur l’avortement ? »

Son expérience politique
Moments assez troublants car Gisèle Halimi nous invite dans les très hautes sphères du pouvoir ! Ses entretiens avec Cotty, président de notre quatrième république, De Gaulle et Mitterrand sont passionnants et en disent long sur les arcanes du pouvoir ! Les quelques lignes sur le « féminisme » de François Mitterrand valent leur pesant d’or ! (p.174)

Gisèle Halimi, cette femme indomptable !
Elle se moquait du qu’en-dira-t-on, ses plaidoiries ont changé notre Histoire et à 93 ans elle persistait et s’insurgeait toujours, stupéfaite que la condition des femmes n’ait pas suscité l’immense révolution, seule capable d’anéantir un patriarcat millénaire, destructeur…et grotesque !
À lire et relire de 7 à … ans pour s’imprégner, à travers cette figure marquante du XX è siècle, d’un pan de notre histoire sociale et de celle moins glorieuse de notre passé colonial.

Une farouche liberté – Gisèle Halimi avec Annick Cojean – Éditions Grasset – 14.90 €